Si le vêtement a autant la capacité de révéler que de dissimuler, ce dernier se veut, indiscutablement, être un vecteur d’identité. Depuis toujours, la mode est un outil de communication, comme une extension de notre personnalité, presque comme une seconde peau.
La mode comme arme de revendication
Pendant plusieurs années, la styliste franco-algérienne Lisa Bouteldja, a défié les diktats et les préjugés de la femme maghrébine, utilisant la mode comme un acte de protestation avec des looks ultra-audacieux. La “beurettocratie”, un néologisme qu’elle a inventé, fusionnant “beurette” et “aristocratie” et qui symbolise l’acceptation de soi.
Cette démarche teintée de second degré met en lumière la manière dont la mode est utilisée pour affirmer son identité et jouer des stéréotypes. Une illustration parfaite d’un langage visuel puissant, pour une manifestation et une réinvention personnelle.
Dans un autre contexte d’exploration de la mode en tant que moyen de remettre en question les normes et de promouvoir l’expression individuelle, Alice Pfeiffer, auteure de “Je ne suis pas parisienne, éloge de toutes les Françaises” (2019), élargit la réflexion en étudiant la manière dont la notion de “parisianisme” peut être restrictive en terme d’individualité et de représentation. Une mise en évidence de la façon dont la mode peut jouer un rôle essentiel dans la célébration de la diversité des femmes françaises, au-delà des clichés liés à la capitale.
Un engagement présent dans les défilés
Quant aux créateurs, la mode a depuis longtemps été un terrain de jeu pour exprimer leurs opinions. Fashion Week de Londres, Printemps-Été 2013, Vivienne Westwood, pionnière de la mode engagée, décide de sensibiliser le public avec “Climate Revolution”, un défilé portant sur l’urgence environnementale. Vêtements à slogans et pancartes brandies par les mannequins font de ce moment un réel appel à l’action. De l’activisme politique aux Droits de l’Homme, la créatrice s’en sert comme vecteur de revendication.
De même pour Vincent Frédéric-Colombo chez C.R.E.O.L.E, qu’il réfléchit comme un manifeste autour des identités et diasporas créoles. Le designer fait de ses défilés de véritables récits culturels en rendant hommage aux traditions. Un rappel que la mode transcende le fait de s’habiller, pour devenir une forme d’art capable de transmettre des messages forts, de capturer l’essence sociétale et culturelle.
Le vêtement, fruit d’une expression unique de chaque genre, culture, religion ou ethnie, est bien plus vaste que la simple parure, il devient une scène sur laquelle chaque individu peut jouer son propre rôle exprimant ainsi sa singularité.
Écrit par Camille Noel Djaleb
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