[INTERVIEW] Furlax est de retour avec son nouveau projet "ETHERIA"

[INTERVIEW] Furlax est de retour avec son nouveau projet "ETHERIA" - HYTRAPE

Combattant. Voilà comment l’on définirait sans une once d’hésitation Furlax, véritable couteau suisse de la nouvelle scène rap et r&b française. Combattant, parce que depuis une quinzaine d’années, l’artiste ne lâche rien et nous impressionne de par sa détermination et son talent pluridisciplinaire. D’abord acteur, puis auteur, compositeur, producteur et interprète, Furlax est indéniablement l’étoile montante de cette année 2023. Grâce à la sortie en août dernier de Nebula, un projet qui, on doit le dire, nous a transportés très loin, son influence dans le paysage musical devient de plus en plus palpable. À la suite de son premier concert complet à FGO-Barbara, on a voulu s’entretenir avec lui afin d'en savoir plus sur son approche si singulière de la musique.

© Théo Rasamiarivelo

Comment l’environnement musical en Afrique du Sud a-t-il influencé le développement de ton style depuis tes débuts dans la musique ?

Avant d’aller en Afrique du Sud, je n’avais jamais fait de musique. C'est en arrivant là-bas que j’ai découvert le rap, que j’ai fait mes premiers enregistrements. La scène musicale sud-africaine est très influencée par le rap américain, notamment l’amapiano, la house et  j’essaie de le retranscrire dans ma musique parce que j’ai grandi avec ça. L’amapiano, particulièrement, m’inspire énormément, c’est un genre qu’on entend un peu partout et surtout en club. L’Afrique du Sud est un pays qui a connu l’apartheid, qui est très marqué par le racisme et on retrouve des influences très variées dans cette musique comme l’électro qui est davantage écouté en Europe, l’afro, il y a des tonalités qui viennent d’Inde aussi parce qu’il y a une grosse communauté indienne. Je trouve que c’est super intéressant parce que ce n’est pas directement catégorisé comme de l’afro et malheureusement, ce n’est pas assez exploité.

Lil Wayne et Kanye West sont souvent mentionnés comme tes principales inspirations. Pourquoi ces artistes ont-ils eu une influence aussi significative sur toi et comment se manifeste-t-elle dans ta musique ?

Ma confiance en moi, je la tire principalement de Kanye West. J’ai écouté pas mal de ses interviews et sa musique est incroyable, ses productions sont super bien travaillées. C’est l’un des premiers à avoir fait le saut producteur/rappeur et il y a ce côté “tu peux le faire par toi-même” qui m’inspire profondément. Je suis rentré un peu plus tard dans sa musique, mais je n’en suis plus jamais sorti. Lil Wayne, c’est tout simplement sa folie artistique, il n’a jamais eu peur de prendre des risques musicalement parlant. À l’époque où je l’écoutais, c’était un phénomène de mode, il sortait hit sur hit. Aujourd’hui, je l’écoute toujours.

Y a-t-il un artiste avec qui tu rêverais de collaborer ?

Si je devais choisir un artiste avec qui je rêverais de collaborer, ce serait The Weeknd. En France, Gizo Evoracci a eu une grande influence sur moi, notamment dans ma jeunesse. J’ai eu la chance de faire un featuring avec lui l’année dernière sur l’un de ses projets, donc c’est un peu un feat de rêve qui s’est réalisé ! Booba aussi est un artiste avec qui j’aurais aimé collaborer, mais maintenant il a pris beaucoup plus de recul, il est beaucoup plus loin.

Tu as mentionné à plusieurs reprises t’inspirer de différentes cultures pour produire. Comment parviens-tu à harmoniser ces influences variées dans tes productions ? Quel est ton processus pour créer une cohérence artistique malgré cette diversité d’influences ?

Je suis arménien, mais j’ai aussi des origines libanaises, congolaises, camerounaises et je suis né en Centrafrique, donc j’ai un rapport avec le monde qui est très large. Je n’ai pas peur de prendre des risques et j’essaie de m’inspirer de toutes ces influences, tout en créant ma propre sonorité. Par exemple, dans le son Horizon, j’ai intégré le sitar, c’est un instrument très utilisé en Inde, qui selon moi, fait toute la prod’. D’ailleurs, beaucoup de personnes m’ont dit que c’était cet instrument qui faisait beaucoup de choses. Dans Extasy, j’ai utilisé le duduk, une flûte arménienne. J’essaie vraiment d’apporter ma touche à partir d’une base de rap et d’hip-hop pour que l’on puisse m’écouter à l’étranger. C’est par le biais de la production, qu’on peut s’élargir musicalement. Quand on écoute un artiste étranger, on ne comprend pas forcément ce qu’il dit, mais ce qui marque, c’est la production et la manière dont il a posé son flow dessus.

@tunecore.fr

Dans le morceau Agadir notamment, tu évoques le pouvoir salvateur de la musique. Comment est-ce qu’elle t’a aidé et de quelle manière cette forme d’expression a influencé ton parcours personnel ?

J’ai traversé des moments super difficiles dans ma vie, j’ai vécu de la dépression, des moments de remise en question vis-à-vis de plein de choses, mais aussi de la musique. Agadir, c’est un morceau que j’ai fait à une période où je n’allais vraiment pas bien. C’était le 25 décembre, j’étais tout seul chez moi et j’avais besoin de faire un son qui me permettrait de me sentir mieux. La musique m’a toujours aidé à des périodes compliquées et à un moment, je me suis dit que je n’avais plus ma place dans ce milieu, je ne savais plus quoi faire. En tant qu’artiste, j’ai réalisé que ce qui me rendait heureux, ce n’était même pas l’argent, mais de rendre heureux les autres. C’est une motivation pour continuer et la musique me fait cet effet là. Ça m’a également permis d’avoir la fierté de mes parents et, personnellement, je ne me voyais pas faire autre chose. J’ai enchaîné différents boulots, j’ai fini par me consacrer davantage à la musique et j’ai commencé à améliorer mes productions. Un ou deux ans plus tard, j’ai eu l’opportunité de placer Niska sur son premier album, j’ai aussi travaillé avec Dinos. À chaque nouveau taff, le métier artistique m’appelait, que ce soit dans l’acting ou dans la musique. Je me sentais un peu condamné si je voulais cette vie-là, donc j’ai arrêté et depuis, je me donne à fond dans ce que j’aime vraiment. 

L’astronomie est une de tes plus grandes passions et tu l’as même intégrée dans la direction artistique de tes différents projets. Comment cette fascination guide-t-elle ta vision artistique ?

Je m’inspire réellement de l’infinité de l’espace et, étant compositeur, je refuse de me restreindre. Je m’adresse à tout le monde, aussi bien aux hommes qu’aux femmes, aux jeunes et j’aime vraiment faire danser les gens ! À mon concert, certains ont découvert des facettes de ma musique auxquelles ils n’avaient pas fait attention auparavant. C’est un peu ce que j’ai envie de retranscrire, je n’ai pas peur d’aller à l’aventure.

@the_grall

La Loi de l’attraction fait partie intégrante de ta vie. Comment appliques-tu ce principe dans ton quotidien et dans la construction de ta carrière ?

Même avant que tout commence, j’appliquais déjà la Loi de l’attraction. Un jour, avant de prendre l’avion, on m’a donné un livre à ce sujet et j’étais choqué de lire que tout ce qui m’arrivait, je l’avais créé. En arrivant à Paris, je l’ai raconté à mes potes, évidemment, ils se sont foutus de moi, mais c’est grâce à cette Loi et à ce que j’ai demandé à l’univers que j’ai décroché mon tout premier casting et que je suis devenu acteur. Ça a été un vrai tremplin, ça m’a permis aussi bien de me découvrir que d’acheter le matériel dont j’avais besoin pour faire de la musique. Ça m’a boosté, même quand personne ne croyait en moi, je savais qu’un jour ça paierait. Il y a eu des périodes où rien ne bougeait, où je n’avais pas de moyens et d’un coup, un gros projet que j’avais demandé à l’univers arrivait dans ma vie. 

Ton premier concert au FGO-BARBARA a été un grand succès ! En quoi cette expérience a-t-elle laissé une empreinte dans ta carrière ? Comment se reflète-t-elle aujourd’hui dans ta façon d’appréhender la scène ?

J’avais déjà eu l’opportunité de faire la première partie de Beeby l’année dernière et plusieurs petites scènes, mais ce concert, je l’ai toujours visualisé. À l’époque, je faisais beaucoup de musiques mélancoliques, parce qu’il y a une partie de moi assez triste qui se reflétait beaucoup plus, notamment pendant le confinement. Mais j’essaie de rester positif et de créer quelque chose de plus solaire, à la fois pour le public et pour moi. C’est comme ça qu’est né Ad Astra, avec des bangers comme Stunna, Galactique et j’ai vu que ces morceaux permettaient aux auditeurs de s’évader… J’ai façonné Nebula de manière à pouvoir interpréter tous les sons sur scène et à ce que les gens puissent bouger la tête dessus. Ça m’a vraiment fait du bien de voir que le public connaissait les paroles, surtout après toutes ces années, ça a été un long combat. Mon premier projet remonte à 2012 et c’est en 2023 que j’ai donné mon premier concert ! Certains sont là depuis longtemps, mais la plupart m'ont découvert à travers mon dernier album et j’en suis vraiment content, parce que c’est avec lui que j’ai décidé de combiner le chant et le rap, c’est un peu ce qui m’a mis sur la carte. 

@_madmarx

@adrshitdesign

Quel est le message que tu souhaites transmettre à travers ta musique ?

Le message que j’ai envie de transmettre c’est qu’il faut croire en soi et ne jamais rien lâcher. Tout au long de Nebula, on ressent cette ambition de réussir et d’accomplir des choses dans sa vie. Je me dis que petit, j’aurais aimé l'entendre. Aucun artiste n’est né artiste, on y arrive en travaillant. Si tu m’interview aujourd’hui, c’est parce que j’ai travaillé et et je trouve que c’est motivant de le partager dans ma musique.

Quel est le morceau que tu as conceptualisé qui résonne le plus en toi ? 

Dans Nebula, je dirais que c’est Hustler Ambition. Il a vraiment résonné en moi, mais aussi en beaucoup d’artistes. Il y en a certains qui sont venus me voir en me disant : “C’est celui-là le meilleur”, parce qu’ils se sont identifiés au texte. Ce morceau me repose et en même temps, il me donne la pêche. Mais de tous mes projets confondus, Près des étoiles reste mon préféré parce que je dis tout (haha) !

Merci encore Furlax, ça a été un réel plaisir d’échanger avec toi ! On a déjà hâte de te retrouver sur scène et de pouvoir chanter “paire de air force, jogging croco” :

Le 24 novembre à la Bourbier Party #3 au POPUP! : dpl9o-bourbier-party-3-24th-nov-popup-paris-tickets

Ainsi que le 8 décembre en compagnie du média Inflow au DOCK B : m9qer-inshow-8th-dec-dock-b-paris-tickets

Instagram : furlax_

Pour écouter Nebula : 

 

 Écrit par Camille Noel Djaleb (cosycam)